Nikki, Frida. La résilience par l'Art et la féminité triomphante

Nikki de Saint-Phalle et Frida Khalo.

Pourquoi associer ces deux femmes artistes qui n'ont a première vue rien à voir l'une avec l'autre 

Des territoires différents, des nationalités différentes, des courants artistiques différents, des époques différentes...

Et pourtant, chez moi elles se rejoignent dans la même évocation. Celle d'une certaine puissance expressive, celle de la couleur rose et du motif.

Corps meurtri, dépassement de la souffrance physique par la création. On connait bien en général l'oeuvre mais aussi le destin de Frida Kahlo. Grâce à son style pictural très reconnaissable puisqu'elle a manié la forme de l'autoportrait abondamment. Mais aussi du fait de ses choix narratifs : un art figuratif qui met en scène les traumas qu'elle a endurés. On connait presque tout d'elle. La maladie qui l'immobilise et l'handicape à vie.  L'accident terrible qui ravage son intimité, la condamne à des mois de convalescence encorsetée. La résilience aussi : elle sera une puissante séductrice qui trouve la guérison par l'art.

Ainsi son visage, son regard, son style ont laissé une empreinte forte dans le panorama de la création artistique féminine. Elle est devenue une icône du féminisme. Son style est analysé, repris, disséqué, confère la récente exposition du Palais Galliera dédiée à son univers si particulier. 

Cette identité est également largement surexploitée, voire récupérée. On trouve le visage de Frida Kahlo, son prénom, sur des tee-shirts, des mugs, des affiches, des sacs. Il me semble que son oeuvre perd  en impact à force d'être aussi déclinée. Ses nièces se battent pour essayer de récupérer les droits sur son image, cédés il y a des années à un homme d'affaires. 

Mais après tout, peut-être trouverait-elle cela opportun, elle qui a fait de sa propre image le médium de sa création. de son style coloré et hypnotique une affirmation féministe. Peut-être apprécierait-elle d'être ainsi transformée en une icône de la pop-culture. 

Nikki de Saint-Phalle est quant à elle plus confidentielle, moins connue du grand public. Et pourtant, nombre d'ente nous ont pu croiser un jour une de ses sculpture : nanas géantes, couleurs flamboyantes, créatures exubérantes et fantasmagoriques. 

Nikki de Saint-Phalle pourrait être elle aussi une icône du féminisme. Elle partage avec Frida Kahlo une certaine communauté de destin. Ravissante jeune femme, elle commence une carrière de mannequin et est hospitalisée pour dépression. Elle subit des mois de traitement par électrochocs en hôpital psychiatrique qui vont lui laisser de lourdes séquelles et souffrira également jusqu'à sa mort de problèmes pulmonaires, du fait des poussières de polystyrènes et microparticules inhalées pendant ses premières années de création alors qu'elle est sculptice plasticienne. Elle révélera plus tard avoir été victime d'inceste pendant son adolescence.

La création est pour elle également un medium de résilience. Elle y explore les méandres intérieures de la féminité, les livre au regard ou les sublime avec une rage créatrice. Une rage ittérale par moment, comme dans ses fameuses performances des tirs. Une colère apaisée et glorifiée à d'autres, comme avec l'ère des nanas triomphantes et magnifiques. 

Présentant au public des femmes ravagées, éviscérées, décadentes mais aussi glorieuses et surdimensionnées, dominant de leur taille et de leur forme le monde entier. 

Chez ces deux femmes, il y a cette transfirguation des traumatismes de leur intimité qui me touche. Epreuves terribles, ressenties dans leur chair, qu'elles dépassent et façonnent comme un matériau, faisant triompher en quelque sorte leur féminité à travers la couleur et le motif : floral, géométrique, explosif et fascinant. 

Mes créations inspirées de ces deux femmes font une large place au rose ou au choix d'imprimés qui m'évoquent leur palette. Ainsi la robe Nikki et la jupe Cléo rose indien proviennent directement de mes lectures et observations de leur oeuvre.