Le regard mi-interrogateur, mi-farouche, c'est une Berthe Morisot vêtue de noir de la tête au pied qui nous interpelle de ses yeux sombres (verts en réalité) dans le portrait de Manet, Berthe Morisot au bouquet de violettes. Titre trompeur car on ne voit presque rien de ces fameuses violettes dans le tableau. Seule cette jeune femme, dont le visage surgit d'une masse toute en variations de couleurs sombres. C'est une de mes tableaux préférés. Berthe Morisot n'est pas une beauté classique mais une beauté qui a du chien. Elle pique. Elle attrape. Je lui trouve toujours ce léger air de défi et de détermination, perceptible dans les portraits de Manet, nombreux. Mais aussi dans les quelques photographies qu'on retrouve d'elle. Manet l'a toujours peinte en noir. Sauf dans le fameux "Balcon" où elle siège à l'avant-plan toute parée d'un blanc étincelant. Le noir lui va bien, semble s'accorder à un tempérament qu'on imagine ombrageux, farouche, déterminé. Une beauté espagnole, disait-on....

Et pourtant lorsqu'elle peint, Berthe Morisot choisit la couleur, la lumière vibratoire. Des tonalités fraîches, végétales, comme extraites des jardins, des fleurs, du grand air.

Et puis le blanc, vibrant et agité dans les robes des femmes. Comme dans ce portrait de jeune fille au bal, où la toilette semble étinceler dans un soir de grande fête, comme une réponse, une anti-thèse au portrait de Manet.


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