Ma soeur avait dévoré "Une femme" d'Anne Delbée. Lorsque ce livre est sorti, vers la fin des années 80, nous avons toutes découvert l'histoire de cette jeune femme talentueuse. Nous sommes toutes allées au Musée Rodin admirer son baiser à elle, rêver devant sa valse et tourner autour du buste délicat de la petite châtelaine. Captivées par tant de délicatesse et de mouvement, pressentant qu'il y avait là la patte d'une femme douée. Puis il y a eu le film avec Isabelle Adjani dans le rôle titre. Camille Claudel était à la mode...Ma soeur et moi y ressentions sans doute une vague proximité avec l'histoire familiale, celle de notre arrière-grand-mère, Germaine Desgranges, élève de Bourdelle et sculptant des bustes de jeunes filles avec une délicatesse comparable.

Elle incarne à mes yeux toute la rage des femmes mues par une poussée créatrice indomptable et insupportable à cette époque où seul le talent des hommes comptait. Intransigeante, jusqu'au-boutiste, dévorée par dévorée par sa fièvre artistique jusqu'à la paranoïa, elle est une sorte de martyr : enfermée et muselée jusqu'à ce que ses aspirations s'éteignent. Quel destin tragique et quel talent énorme. 

Camille Claudel et mon arrière-grand-mère ont inspiré la robe Germaine - ou Camille, je n'arrive pas à me décider- , en sergé noir, associée à un chemisier de fin coton blanc ajouré. Une robe simple, féminine et graphique, un peu radicale et tranchée dans son association de noir et de blanc, comme ces femmes artistes essayant d'exister dans un monde qui reconnaissait encore surtout le talent des hommes...


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